Objet du mois : Un drôle de pinceau !

Objet du mois : Un drôle de pinceau !

Dans une vitrine, aux côtés d’objets métalliques d’époque gallo-romaine, se trouve un petit outil découvert dans le bourg de Béruges, en 1979, dont la fonction est restée longtemps inconnue. Aujourd’hui, la communauté scientifique semble s’accorder pour l’interpréter comme une sorte de pinceau double.

Cet outil en tôle de bronze, d’une dizaine de centimètres, est fabriqué d’un seul tenant. Il est constitué d’une tige plate et étroite se terminant de chaque côté par de la tôle enroulée, recourbée de façon à former une douille. Ces deux douilles sont disposées tête-bêche ; elles enserraient probablement des éléments en matériaux périssables – poils, soies ou crins d’animaux, plumes, mousses, petits fragments d’éponges… ou morceaux d’étoffes – qui formaient les pinceaux : l’outil pourrait être un support de pinceau double.

Ces armatures métalliques de pinceaux doubles apparaissent au Ier siècle après J.-C. Si l’attache des pinceaux comme celui de Béruges se faisait au moyen de douilles à enserrer les poils, il en est d’autres dont les douilles comportaient des lanières, avec maintien des poils par ligature. Les douilles ont des dimensions variables, offrant un panel de brosses plates plus ou moins larges et de brosses rondes plus ou moins fournies. Enfin, la seconde extrémité n’est pas toujours une douille à pinceau : cela peut-être un stylet ou une spatule. Tous ces instruments de peinture évoquent un travail de précision. D’après les connaissances actuelles, ils ne paraissent pas avoir été utilisés pour la réalisation d’enduits peints, ni sur pierre, ni sur bois. Ils pourraient permettre de peindre des filets, par exemple sur de la céramique, mais aucun document ne vient étayer cette hypothèse.

Certains spécialistes se demandent même si ces outils étaient bien destinés à la peinture. En effet, la forme de certains de ces pinceaux peut rappeler les pinceaux utilisés pour poser la dorure à la feuille. Par exemple, l’artisan doit pouvoir utiliser de façon concomitante le pinceau qui permet d’humidifier la partie à dorer et le pinceau qui permet de poser la feuille de dorure et la faire adhérer.

Un objet original à découvrir au musée de Béruges !

E. Roux d’après A. Ribardière