Entretien avec Morgane Lesueur à propos des restes osseux de Béruges

Entretien avec Morgane Lesueur à propos des restes osseux de Béruges

 

Morgane Lesueur, une ancienne étudiante en archéologie et anthropologie et récemment devenue membre de l’association des Amis du Patrimoine de Béruges, a proposé son aide et ses compétences pour le travail de reconditionnement des restes osseux de la nécropole du Verger Bonnet.

A la fin du XIXe siècle, cette nécropole fut fouillée partiellement par le Père de la Croix, un archéologue tournaisien. Puis, en 1979-1980 une intervention de sauvetage, dirigée par J.-P. Chabanne, révèle environ 80 sépultures mérovingiennes. Cette fouille a entraîné plusieurs publications concernant la nécropole cependant aucune étude des restes osseux n’a été mené jusqu’à aujourd’hui.

Bonjour Morgane, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis titulaire de deux licences en « Histoire de l’Art et Archéologie » et en « Histoire » de l’Université de Poitiers. J’ai également un Master 2 en « Anthropologie biologique et Préhistoire » de l’Université de Bordeaux où je me suis spécialisée en Archéo-Anthropologie. Mon sujet de master portait sur la variation du dimorphisme sexuel crânien entre des populations de périodes différentes. Mon travail étant essentiellement menée à partir de logiciels informatiques, j’ai souhaité conserver un lien avec le terrain (bénévolat sur plusieurs chantiers dans la région et à l’étranger, Mongolie et Israël). Mon projet pour l’avenir serait, dans l’idéal, de travailler en archéologie préventive en me spécialisant dans l’archéo-anthropologie.

Qu’est ce qui t’a motivé à t’investir dans les activités du musée ? Qu’espère tu retirer de cette expérience ?

Lors de la fouille menée par E. Guillon à la tour de Béruges, nous avons eu l’occasion de visiter le musée où l’on m’a informé du projet de transférer et reconditionner des restes d’os humains. Tout en continuant ma recherche d’emploi, j’ai proposé mon aide car j’ai été intéressée par ce que j’avais lu sur cette nécropole et j’avais envie d’en apprendre davantage sur le funéraire médiéval en Poitou Charentes notamment. Cette expérience me permet de mettre en application et d’améliorer mes connaissances tout en renouant avec le domaine funéraire. Cela me permet également d’être dans un environnement scientifique où l’anthropologie est une partie d’un grand tout permettant la valorisation du patrimoine de Béruges. Il ne faut pas oublier aussi les belles rencontres au niveau humain au sein de cette association auquel j’ai adhéré depuis peu.

Quel travail mène-tu actuellement au sein du musée ?

J’analyse actuellement les données bibliographiques afin de mieux comprendre le site ainsi que ses possibilités et limites. Il s’agit surtout d’un travail préliminaire basé sur les données issues de la fouille (carnet de note, plans, photographies). L’objectif de cette étape est l’élaboration d’une base de données favorisant l’exploitabilité des résultats et d’obtenir une bonne compréhension des restes osseux stockés au musée de Béruges. Bien qu’ancienne par rapport aux techniques actuelles de fouille de sépulture, la méthode choisie consistait à enregistrer une photographie et un dessin par squelette. Afin de pouvoir les étudier, ces os doivent être au préalable nettoyés, reconditionnés et réinventoriés. Cette phase de travail aura lieu au printemps afin de profiter de conditions de séchage optimales.

Quelle est la finalité de ce travail ?

Lorsque cela sera possible, ces résultats peuvent permettre une étude par sépulture (estimation de l’âge au décès, détermination du sexe, état sanitaire, éventuelles variations anatomiques, position du sujet…). L’objectif final consiste à établir un état des lieux des restes osseux humains de cette fouille et d’apporter une meilleure compréhension, si possible, sur la population contemporaine de cette nécropole.